11 avr. 2013
« Ils s’adorent, vraiment, jamais une dispute, j’ai beaucoup de chance » ou « Je ne peux pas les laisser seuls deux minutes, ils se battent ». Deux positions entre lesquelles oscille ou se fige l’amour fraternel et qui dépendent fortement des attentes et des projections des parents. « Qu’elles soient refoulées ou exprimées, la jalousie et la rivalité sont inévitables dans la fratrie, rappelle Catherine Vanier. Loin d’être négatives, elles agissent comme un stimulant, un ferment à la construction de l’identité psychique de l’enfant. C’est pour cela que les parents doivent les accepter. »
Le moteur de ces émotions ? S’assurer un amour exclusif de la part des parents. Être le meilleur, dominer l’autre sont autant de manières d’exprimer ce désir inconscient. Avec une limite : « La violence n’est évidemment pas acceptable, l’intégrité physique et psychique de chaque enfant doit être respectée, et c’est au parent d’y veiller. Pour cela, ils doivent non seulement accepter de mettre des limites, mais aussi de relire leur propre histoire de sœur ou de frère par le prisme de la rivalité fraternelle. Et tenter ainsi de comprendre ce qui a pu être transmis en termes de violence – actée ou ressentie – ou de jalousie à leurs propres enfants, et qui se rejoue dans leurs relations. »
Les motivations inconscientes. Ou bien ils se sont unis dans une vraie et grande complicité contre leurs parents. Ou bien ils refoulent agressivité, jalousie et rivalité pour faire plaisir à leurs parents. Dans ce cas, il s’agit d’une surenchère affective sur le mode « regarde comme je sais prendre sur moi pour être tout le temps gentil avec lui (elle) ». Surenchère dont l’objectif final est bien entendu d’être le grand gagnant. La pulsion agressive est transformée en démonstration de gentillesse. Le risque ? Faire grandir et différer une haine inconsciente.
Comment rétablir l’équilibre. Accepter la complexité. Les relations humaines sont conflictuelles, les sentiments ambivalents. Il est important de se questionner : quelle jalousie personnelle avons-nous dû ravaler ? Quelle peur la menace du conflit réveille-t-elle ? À qui et pourquoi veut-on faire la démonstration d’une « famille modèle » ? Proposer des activités et des loisirs en vue de séparer une fratrie trop fusionnelle peut être le feu vert que les enfants attendent pour pouvoir se « déscotcher ». Accueillir les critiques, mais aussi ce que l’on nomme les émotions négatives peut aussi libérer les enfants du fardeau d’être toujours positifs.
Les motivations inconscientes. Essayer à tout prix d’avoir la première place dans le cœur des parents en montrant à quel point l’autre ne vaut pas la peine d’être aimé. Le manque de confiance en soi de l’enfant peut également jouer comme un levier : peu sûr de ses talents et compétences, il se valorise sur les faiblesses de son frère ou de sa sœur. Certains parents mettent en place, plus ou moins inconsciemment, un système de comparaison- compétition, qui pousse les enfants à se dénoncer les uns les autres.
Comment rétablir l’équilibre. En ne rentrant jamais dans le jeu du cafteur et en lui disant clairement que dénoncer ne se fait pas. On peut aussi lui préciser que l’on n’a pas besoin de lui pour connaître les défauts de son frère ou pour être au courant de ses bêtises. C’est une manière de le remettre à sa place d’enfant en le rassurant : ses parents sont suffisamment forts et justes pour ne pas charger un de leurs enfants de faire le « sale boulot ». Cela signifie aussi que ses parents ne laisseront pas sa sœur ou son frère cafter sur lui. De même, il faut se garder au maximum de faire des comparaisons entre frères et sœurs, cela induit des compétitions malsaines et des rivalités haineuses.
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Par Flavia Mazelin-Salvi pour Psychologies.com
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